Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Ce pays qui fait chier

14 juillet 2008

Haiti: le feuilleton des premiers ministrables

Rene_PrevalJ'ai consigné mes réflexions dans un carnet qui va finir très probablement à la poubelle. Voilà trois mois que le pays n'a pas de gouvernement. La raison? Le chef de l'État est bête comme mes pieds! Et c'est drôle comme le crétinisme lui va bien!
Y en a marre!!!!

Publicité
14 juillet 2008

Bac+5, Technicien de surface!

L'élégance est française. Incontestablement. J'en veux pour preuve ces fabuleux petits noms par lesquels les Français désignent certaines activités banales. Des noms de toute beauté caractérisés par la finesse, le bon goût, la grâce, bref,  toutes ces belles qualités  qui font l'orgueil gaulois et l'exception française.
Une fois, je regardais une émission sur la 2. Une de ces émissions-poubelles où de pauvres gens viennent étaler leur misère intellectuelle et matérielle. Une femme apparemment en bonne santé mentale était invitée à témoigner sur le thème de l'émission. Je ne peux vous dire combien fut ma perplexité quand je l'ai entendu décliner sa profession.  Elle était  Technicienne du bonheur familial.  Bon! ?  J'avoue que sur  le coup j'ai pensé que  c'était encore un de ces  métiers sympa qu'on envie à la France dans le monde entier et dans le Tiers-Monde en particulier.  Mais très vite je me suis aperçu que le présentateur de l'émission était tout autant perplexe que moi.  La brave jeune femme ne s'est pas fait prier de donner des éclaircissements sur son activité. Celle-ci consistait en fait à s'occuper de son foyer. En d'autres termes, c'était une mère au foyer. C'est pas joli ça?
En hiver 2005, j'habitais à Déville-lès-Rouen, une petite ville au-dessus de Rouen. Je ne sortais pas beaucoup. Mais, je me démerdais comme un bon diable pour dégotter un petit boulot qui me permettrait de subvenir à mes besoins et continuer mes études. Je m'informais auprès d'étudiants étrangers arrivés avant moi et qui connaissaient mieux le milieu des petits boulots pour avoir des tuyaux. L'un d'eux m'a conseillé de chercher dans Internet. Je m'y suis attelé sans perdre de temps. J'ai consulté un tas d'offres dans le site de l'ANPE. L'une d'elle m'a interpellé. Elle paraissait tellement chic. Elle s'intitulait Technicien de surface. J'ai cliqué pour voir ce que cachait un si joli titre. La fiche descriptive de l'offre d'emploi précisait que l'heureux élu aurait à  faire du nettoyage sur un parking, à enlever les crottes de chiens,  et à tenir propres les entrepôts d'un magasin. Le profil recherché était celui d'un étudiant, ayant 2 ans d'expérience sur le même poste! Les intéressés devaient envoyer un CV et une lettre de motivation pour candidater.  Je n'avais pas d'expérience dans le ramassage des crottes de chiens. Je venais d'arriver d'Haïti où j'étais animateur de radio, consultant en élaboration de projets au Secrétariat d'État à l'alphabétisation et enseignant de littérature au secondaire. J'étais donc bien embêté à l'idée de savoir si je devais faire un CV contenant ce que j'avais fait auparavant ou si je devais faire preuve d' imagination pour en créer un. Ce dilemme pas encore élucidé, j'étais confronté à une autre question existentielle: ce qu'il fallait écrire dans ma lettre de motivation. Pour résumer, j'avais 26 ans, un bac+5 (SDL), un bac+3 en droit, un diplôme de l'Ecole Normale Supérieure, mais je ne savais pas comment faire un CV pour décrocher un superbe boulot intitulé Technicien de surface. Heureusement que j'étais en France car depuis, j'ai bien appris à faire un CV.

11 juillet 2008

Le mot du début

TibaguetteIl y a quatre ans, j'ai débarqué à l'aéroport Charles de Gaulle grelotant de froid dans un polo rouge qu'on porte sur les plages antillaises. J'arrivais de Santo Domingo. Dans l'avion, j'avais sympathisé avec une blonde baraquée qui partait en Grèce avec un carton de rhum Barbancourt cinq étoiles. Elle ne parlait pas un mot d'anglais. Et encore moins de français. De mon côté, je n'avais que des compétences d'écriture et de lecture en espagnol. On a donc effectué tout le vol en échangeant des petits bouts de phrase sur un bloc-notes qu'elle avait sorti de son sac à mains. Elle avait une escale d'environ 4 heures. On a donc décidé d'aller boire un coup après le débarquement. Au moment de récupérer mon sac, je me suis fait contrôler par un douanier qui m'a demandé de lui montrer mon passeport alors que tous les autres passagers prenaient leurs bagages et sortaient sans qu'on leur pose de question. J'ai tendu mon passeport à l'agent des douanes qui regardait la fille d'un air stupide. Il l'a ouvert, s'est mis à le feuilleter machinalement en me flinguant de questions auxquelles il ne me donnait même pas le temps de répondre. Comment j'avais fait pour sortir d'Haïti? Qu'est-ce que j'étais venu faire en France? Et patati et patata. Puis, il me l'a remis en me fixant sévèrement.  Je n'ai pas compris de suite  l'attitude de l'individu à mon égard, pressé que j'étais d'offrir à boire à Helena. On a cherché un bar dans l'aéroport pour pouvoir discuter tranquillement. On a passé un bon moment ensemble quoique à la bourre. Au moment de se séparer, elle m'a demandé ce que le douanier me voulait. J'ai balbutié quelque chose du genre il faisait son boulot. Helena a souri. On s'est fait la bise. Elle est allée prendre son avion qui l'emmènerait chez les Grecs. Et moi, je suis resté dans l'aéroport, avec le vacarme continuel des gens se fourmillant autour de moi. Des gens tellement blancs qu'il leur fallait de l'Ajax pour se nettoyer. Des gens qui parlaient français avec un drôle d'accent. Des gens pour lesquels j'étais totalement transparent. Et là, j'ai commencé à réfléchir très sérieusement à mon pays, à ma famille, à mes copains, au sourire d'Helena et à l'énergumène qui avait voulu me faire chier.          

Publicité
Publicité
Derniers commentaires
Ce pays qui fait chier
Archives
Publicité